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CROA de Pâques.

Publié le par Lithic

 
Depuis quinze jours, les prévisions météo annonçaient de la pluie pour ce week-end de 3 jours.
Miraculeusement, deux jours avant, les prédictions sont devenues favorables pour les nuits de samedi à dimanche et de dimanche à lundi.
Limité par les contraintes liées au couvre-feu , j’ai décidé de m’installer sur le terrain de ma bergerie au lieu-dit « pas de Jalas » à Tautavel.
C’est un bon site en hauteur situé en pleine garrigue, sans aucun éclairage direct visible depuis la parcelle.
Cependant, nous sommes à 25 km au nord-ouest de Perpignan et le halo de la ville diffuse au sud lorsque l’atmosphère n’est pas parfaitement transparente . Ce n’est donc pas un site parfait, mais cela reste un bon spot de proximité, d’autant que le fait d’être chez soi sur un terrain clos offre de nombreux avantages .
La nuit de samedi à dimanche était correcte, mais la diffusion atmosphérique était sensible et la stabilité moyenne. je me suis donc limité à l’observation d’une vingtaine d’objets diffus, tous situés à une hauteur respectable de l’horizon afin de limiter les effets néfastes de la pollution lumineuse perpignanaise et de celle du littoral.
Le lendemain, le vent est tombé et la transparence c’est sensiblement améliorée ce qui a permis de faire quelques jolies échappées inter et extra galactique jusqu’aux premières lueurs du jour.
Pour l’occasion, Katja et Nelson sont venus installer leur campement et leurs instruments sur la parcelle .
Après une bonne grillade au feu de bois accompagné d’un succulent vin portugais, nous avons démarré la soirée en jetant un coup d’œil sur l’incontournable M42 avant qu’elles ne disparaissent au couchant. La relative faible hauteur de la nébuleuse sur l’horizon combiné aux conditions de stabilités et de transparence moyenne, font que seulement 4 étoiles sont visibles dans le trapèze. Pourtant, les couleurs sont évidentes sans toutefois atteindre le degré de saturation des grands soirs : le vert de la région du trapèze qui se prolonge sur l’aile nord-ouest, le rouge foncé de l'aile sud-est, le liséré irisé jaune, vert et rouge au sud du chenal sombre ainsi que le halo circulaire rouge autour de M43.
Malgré cela, l’image est décevante car les structures fines filamenteuses et les "moutons" autour de la région centrale n’ont pas la texture et la finesse des grands soirs.
Nelson, est sur son PC pour faire de l’imagerie en poses courtes au C11 a F/D=10 et Katja est aux commandes de son Sud Dobson de 300 mm.
Les nuits de débuts de printemps se prêtent particulièrement bien à l’observation des galaxies, nous visitons les duos et trio galactiques du grand félin : la facile et brillante NGC2903 située devant la tête du lion, le duo spiral/elliptique NGC3190/3193 niché dans son cou, le trio NGC3379/3384/3389 facile à identifier sous le poitrail ou encore le trio M65/66/3628.
Katja décide de diriger son 300 mm en direction de la chevelure de Bérénice sur NGC 4565. je ne suis pas optimiste car les fines spirales vues par la tranche demandent une bonne transparence pour être appréciées à leur juste valeur : a mon grand étonnement, la galaxie est fine et bien contrastée, le bulbe est traversé par la fine bande sombre, l’étoile de magnitude 12 au dessus du bulbe paraît brillante et ajoute à l’esthétique du champ.
Muni d’un grossissement de 109x ( ES 17mm/92°) Je pointe au 400 mm le nord de la constellation, pour papillonner sur les nombreuses galaxies de la région.
Puis, je me balade au hasard des galaxies situées entre le Lion et la Vierge, pour arriver sur la fameuse « chaîne de Markarian ».
Avec un grossissement de 93 x (ES 20mm/100°) je me perds en passant d’une galaxie à l’autre : M84, M86, NGC 4477, NGC 4473, NGC 4461, NGC 4458, NGC 4438 et NGC4435 sans compter les nombreuses « tachouilles » aperçues au gré du déplacement de l’instrument...
suivent M98/99/100 NGC4298 (que je n’identifierai que le lendemain, pour ne pas perdre l’accoutumance à l’obscurité en consultant l’atlas).
Katja m’invite à venir voir une autre belle vue parfaitement par la tranche (NGC5907), le T300 mm nous offre la vision esthétique d’un très fin fuseau argenté bien contrasté .
Katja nous quitte pour aller prendre du repos...
Maintenant la constellation du corbeau est sortie du halo de Perpignan, j’en profite pour pointer M104 avec un grossissent de 132x (ES 14mm/100°) la vision de cette galaxie est magnifique, le noyau est fin et ponctuel, il est surmonté par la fine et sombre bande d’absorption qui est très contrastée ! J’ai l’impression que mes yeux sont bioniques car je distingue clairement une nuance bleutée autour et dans le bulbe de la galaxie .
Nous nous relayons avec Nelson pour passer de longs moments silencieux derrière l’oculaire afin de nous délecter de ce spectacle.
Presque au centre du quadrilatère que forment les étoiles de la constellation du corbeau, se trouve la brillante nébuleuse planétaire NGC4361.
À 206x (ES9 mm/100°) l’image de cette brillante nébuleuse est déroutante car elle ressemble plutôt à une galaxie elliptique .
Pour lever le doute, j’insère ma roue à filtre dans le porte oculaire. La nébuleuse répond bien aux filtres UHC et OIII qui font ressortir deux faibles excroissances qui ressemblent à des bras spiraux ! Heureusement l’étoile centrale et les couleurs bleutées de l’astre révèlent sa vraie nature.
La Grande ourse est maintenant plein zénith, c’est le moment de visiter les grands classiques avec une transparence optimum: à 206x M51 est juste incroyable : en vision directe les bras spiraux s’enroulent magnifiquement autour du noyau brillant.
Des nodosités brillantes (régions HII) sont nettement perçues sur les bras. En vision décalée, on voit des « plumes » ou des « franges » de matières qui semblent s’échapper des bras .
L’image est à la fois douce et contrastée. La galaxie satellite (NGC5195) montre un noyau ponctuel brillant, surmonté d’une bande rectiligne sombre.
Elle est entourée d’un halo circulaire diffus qui disparaît au contact de la bande sombre.
Le spectacle est tellement saisissant que je décide de voir ce que donnerait la bino .
Munie d’oculaires de 15mm à 70° nous obtenons un grossissement de 123x .
La vision est troublante : la galaxie semble flotter en avant-plan comme suspendu à une tenture invisible .
Malgré l’accumulation de fatigue qui commence à se faire sentir , Nelson et moi restons scotchés de longues minutes pour savourer ce spectacle derrière la binoculaire.
Nous continuons notre périple en vision bino sur le duo M81/82, même sensation de « flottement » le contraste légendaire de la galaxie de Bode rend l’image hypnotique, suivent M97, M108 etc.
il est tard, les stars de l’été sont déjà hautes, je décide de faire un dernier tour sur des objets faciles.
à 206X, M13 et magnifiquement résolu, éclaté et coloré en bleu. La couleur s’intensifie encore plus lorsque l’on fixe l'étoile jaune située dans le champ juste à côté de l’amas et que l’on revient sur ce dernier (le bleu est plus saturé). À la bino, M13 pris du volume pour devenir vraiment sphérique !
M92 est lui aussi bleuté, son volume est encore plus marqué que M13 ! On a une impression de volume en perspective du bord au centre.
Pour le fun, on termine par un dernier détour sur M57 qui nous montre un bel anneau de couleur cyan flottant en avant-plan des étoiles du champ .
Ça y est, l’horizon Est devient bleuté, il va falloir songer à aller rejoindre le duvet car je cumule moins de 5 h de sommeil depuis deux jours !
épuisé, je bâche sommairement l’instrument en rêvant déjà à notre prochain week-end étoilé.
CROA de Pâques.
CROA de Pâques.
CROA de Pâques.
CROA de Pâques.
CROA de Pâques.
CROA de Pâques.
CROA de Pâques.
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