Deux nuits/ Deux sites.

• Ce dernier week-end de juin avant que notre satellite ne devienne trop gênant, j’étais bien décidé à profiter des deuxièmes parties de nuits sans croissant lunaire (avant le sevrage obligatoire autour de la période de pleine lune.)

Vendredi après le travail, je charge immédiatement la voiture afin de me rendre à Salvezines, un bon site de proximité situé à 1300m d’altitude et à 50 minutes de route.

Sur le trajet, j’effectue une énième consultation des prévisions météo, il s’avère qu’un changement vient de s’opérer et que le spot d’observation se trouvera sous nuages et vent une bonne partie de la nuit.

je dois donc essayer de trouver une solution de repli rapidement, mais tous mes sites pyrénéens du sud et de l’ouest du département se trouvent sous la même influence météorologique .

Il reste bien un spot que j’envisage de tester depuis longtemps qui se trouve en plein cœur du massif des Corbières à quelques encablures de chez moi.

Un rapide coup d’œil à la météo et me voilà rechargé à bloc : Météo France y annonce une nuit claire sans aucun passage nuageux !

Changement de cap, me voilà en route pour le sommet du Milobre de Massac, à 907 mètres d'altitude.

Après quelques kilomètres de pistes chaotiques, me voilà sur ce sommet que je connais bien de jour et ou le panorama à 360° est somptueux : au sud, la chaîne pyrénéenne plonge dans Méditerranée à son extrémité Est. Elle se prolonge à perte de vue vers l’Ouest (le Pic de Midi y est visible par temps clair).

Du Nord-Est au Nord-Ouest on y voit la montagne noire en fond, la plaine narbonnaise, le Minervois, le pic de Nore … Ma région est magnifique ! ( trêve de chauvineries).

J’installe le matériel un peu en contrebas afin de me protéger des rafales de vent qui battent le Milobre pelé.

En attendant que la Lune disparaisse, je me délecte de la transparence du ciel au zénith qui me fait penser que je reviendrai volontiers quand les conditions seront optimales : sans vent, sans lune et avec une transparence parfaite car aujourd’hui la visibilité à l’horizon n’est pas optimale.

Aux télescopes, les nombreux objets brillants du ciel profond sont magnifiés par rapport à chez moi, les 800 m d’altitude supplémentaires font la différence .

Malheureusement vers 3 heures de sombres nuages imprévus viennent troubler la fête, contraignant à aller me coucher afin de prendre quelques forces pour la nuit du lendemain.

Au matin du samedi, c’est un réveil magique dans un paysage de rêve où j’envisage de revenir quand le vent sera absent.

Je décide de me rendre à ma destination d’hier à Salvezines, car la forêt nous y protège efficacement du vent et où il y a +400 m d’altitude en bonus.

La nuit tombée, ciel est superbe et le vent a disparu (j’aurai dû rester au Milobre!)

La première partie de nuit est utilisée pour jauger la qualité du ciel avec des objets brillants.

Malgré la présence de lune, la voie lactée est contrastée et les objets diffus sont bien plus « pêchus » que sous un ciel de plaine.

La stabilité étant très bonne, j’ai choisi d’observer des objets qui demandent des grossissements élevés pour se révéler, j’enchaîne donc les nébuleuses planétaires à 337X (ES 5,5 mm 100°).

je suis satisfait de voir que la diffusion reste modérée, même lorsque je pousse le grossissement à 540 X. Décidément, j’aime bien mon télescope industriel Omegon (GSO), je ne sais pas si la qualité est constante mais mon exemplaire est vraiment satisfaisant .

Les étoiles centrales des NP sont piquées, figées, de nombreuses structures/nuances fines se devinent dans les enveloppes gazeuses.

La meilleure surprise de la soirée est NGC 6543 qui comme d’habitude arbore une étoile centrale auréolée d’un beau bleu turquoise dans lequel des renflements lumineux en ellipses sont évidents et qui pour la première fois, me dévoile son enveloppe externe sous la forme d’une coquille grise et diffuse sans limite précise. Cela m’a poussé à tenter d’en faire un dessin ( dont je ne suis pas satisfait)

Une fois la Lune disparue sous l’horizon, la voie lactée est tranchée, argentée, marbrée de « dendrites » sombres . Mon fils qui sort de son duvet est ébahi par le spectacle !

Nous passons en revue les amas globulaires, le fiston reste scotché à la vision de ces « feux d’artifice » résolus en fines étoiles jusqu’au cœur, il me dit : « on dirait des petits tas de sels posés sur du velours sombre ».

La voie lactée étant lumineuse jusqu’à l'horizon, je décide de faire le « tour-operator » des nébuleuses de la région du Sagittaire, on retiendra Messier 8 qui est littéralement photographique (sans la couleur) le chenal sombre est tellement contrasté que la vision au travers des filtres est inutile.

Le trèfle de M20 filtré donne l’impression d’arborer le rouge/marron/rose de la nébuleuse d’Orion .

Une pause de 30 minutes pour croquer M17 qui se révèle sous son meilleur aspect avec le filtre Hbeta. (je n’arrive pas à retranscrire sur le papier, il y a trop de détails)

il est 4 heures 30 et la voie lactée commence déjà à perdre du contraste, Pégase est déjà haut, l’horizon devient blafard.

Un dernier saut vers Messier 15 qui est magnifiquement stable et résolu à 337x puis Messier 31 et ses satellites qui cadrent parfaitement dans le champ de l’oculaire à 46 x (ES 40/68°)

Le ciel bleuis jusqu’au zénith, la voie lactée s’efface, il est temps de boucher les objectifs .

Le voyage est terminé, je ressens déjà l’envie d’y retourner, (l’observation du ciel et une drogue dure)

Je ne vais certainement pas pouvoir résister à m’y replonger cette nuit depuis mon jardin, même si le ciel y sera moins bon et que je bosse lundi matin !

Bon ciel a tous les observateurs visuels.

Milobre de Massac 907m d'altitude nuit du vendredi 23 au samedi 24 juin 2023

Salvezines d'En Malo à 1300m d'altitude nuit du 24 au 25 juin 2023